Vendredi dernier, les prix du gaz en Europe ont subi une hause significative suite à une grève initiée par les travailleurs des installations de gaz naturel liquéfié en Australie. Cette situation a suscité des inquiétudes quant à une perturbation potentielle de l’approvisionnement mondial en gaz. Les prix du TTF, la référence européenne, ont enregistré une augmentation de 13 %, atteignant 34,50 € par mégawattheure (équivalent à 10,8 $ par million d’unités thermiques britanniques), selon les données du LSEG.

Les Installations de Gorgon et Wheatstone

Cette action collective touche principalement les installations de Gorgon et Wheatstone, qui représentent environ 7 % de l’approvisionnement mondial en gaz naturel liquéfié (GNL) et sont exploitées par le géant pétrolier et gazier américain Chevron.

Les Revendications des Syndicats

Les syndicats impliqués dans cette grève ont annoncé une série d’actions. Tout d’abord, ils ont opté pour un arrêt partiel du travail jusqu’à 11 heures. Cependant, si aucune entente n’est conclue d’ici le 14 septembre, ils envisagent de cesser complètement le travail pendant deux semaines. Il est important de noter que ces grèves étaient initialement prévues pour jeudi mais ont été repoussées d’un jour.

Offshore Alliance, un groupe représentant deux syndicats, a fait savoir que les négociations avaient duré toute la semaine, mais qu’aucun accord n’avait été trouvé. Les membres du syndicat cherchent des rémunérations alignées sur les normes de l’industrie applicables aux employés de Chevron, selon une déclaration de l’alliance.

Contraste avec Woodside Energy

Il est intéressant de noter que Woodside Energy a conclu un « accord de principe sur un certain nombre de questions » avec l’alliance fin août. Cela a permis d’éviter toute action revendicative dans ses installations du plateau nord-ouest, représentant environ 4 % de l’approvisionnement mondial en GNL. Chevron, en revanche, a confirmé que les négociations s’étaient conclues sans accord.

Les Déclarations de Chevron

Dans une déclaration officielle, Chevron a exprimé sa position : « Nous avons négocié de bonne foi et cherché à parvenir à un accord qui aboutisse à un résultat concurrentiel sur le marché. Les syndicats continuent de rechercher des conditions qui vont au-delà des conditions équivalentes avec d’autres acteurs du secteur, y compris dans les accords récemment conclus. »

Implications pour l’Europe

L’Australie, en tant qu’exportateur clé de GNL, a rarement un impact direct sur les côtes européennes en matière d’approvisionnement en gaz. Cependant, la possibilité d’une perturbation des approvisionnements mondiaux inquiète les commerçants européens depuis le mois dernier. Si les acheteurs de gaz maritime australien en Asie doivent rechercher des alternatives, cela pourrait les mettre en concurrence directe avec l’Europe. En effet, l’Europe est devenue dépendante du GNL après que la Russie a réduit ses exportations de gaz par gazoduc vers la région, en réponse à son implication en Ukraine.

Perspectives

Jusqu’à présent, il y a eu peu de signes d’une telle concurrence, les réserves de gaz naturel de l’Union européenne étant remplies à plus de 90 % et la demande asiatique ne montrant pas de signes de reprise. Cependant, comme l’a souligné Tom Marzec-Manser, du cabinet de conseil en énergie ICIS, « La première action de grève qui a débuté aujourd’hui n’est limitée qu’en termes d’approvisionnement en GNL », avec seulement une ou deux cargaisons de GNL qui devraient être retirées du marché. Une grève de deux semaines « retirerait environ 1 million de tonnes de GNL du marché », ce qui, selon lui, « resserrerait ce qui reste un marché gazier mondial très finement équilibré ».