Le mécanisme de capacité est une réglementation introduite en France le 1er janvier 2017 pour garantir la sécurité d’approvisionnement électrique.
Ce dispositif crée un surcoût pour les consommateurs d’électricité, destiné à rémunérer les producteurs d’électricité et à assurer l’approvisionnement pendant les périodes de pointe. Les consommateurs financent ce mécanisme par un prélèvement supplémentaire sur leur facture.

Comment expliquer l’augmentation du prix des garanties de capacité ?
L’augmentation du prix des garanties de capacité peut être principalement attribuée à deux facteurs clés :
- Le Manque de Disponibilité des Centrales d’EDF
- La Domination d’EDF sur le Marché des Garanties de Capacité
Le manque de disponibilité des centrales d’EDF
Les problèmes de corrosion au sein des centrales nucléaires françaises ont eu des répercussions majeures sur le réseau électrique du pays.
En décembre 2022, la situation est devenue critique avec l’arrêt de près de la moitié des réacteurs d’EDF, créant des tensions significatives sur le réseau électrique national. L’année 2022 a été particulièrement difficile pour EDF, avec une production nucléaire atteignant son niveau le plus bas des 30 dernières années.
Cette indisponibilité importante des réacteurs a entraîné une augmentation considérable des prix des garanties de capacité sur le marché Epex Spot.
En 2022, les tarifs de ces garanties pour une livraison prévue l’année suivante ont atteint 60 000 € par MW, contre 9 000 € au lancement du dispositif en 2017.
Cette hausse significative reflète l’impact direct des difficultés rencontrées par le parc nucléaire sur le coût et la disponibilité des capacités électriques.
La domination d’EDF sur le marché des garanties de capacité
La délivrance de garanties de capacité implique tous les acteurs de la production d’électricité. En France, EDF, en tant que fournisseur historique, produit la majeure partie de l’électricité, se positionnant ainsi comme le principal émetteur de garanties de capacité sur le marché.
Cette prédominance confère à EDF une influence significative, lui permettant de fixer les prix de ces garanties selon ses propres intérêts.
Cette situation limite la concurrence réelle, car EDF dicte essentiellement les termes en matière de tarification, créant un déséquilibre où l’offre et la demande ne se rencontrent pas véritablement.

Comment fonctionne le mécanisme de capacité ?
Qu’est-ce qu’un acteur obligé et quels sont leurs rôles ?
Les acteurs obligés jouent un rôle crucial dans le mécanisme de capacité. Pour participer efficacement, ils doivent accomplir plusieurs tâches essentielles :
- Déclaration du périmètre d’obligation
- Les acteurs obligés doivent déclarer leur périmètre d’obligation auprès de RTE (Réseau de Transport d’Électricité) ou de l’entreprise locale de distribution (ELD) concernée. Cette déclaration doit être effectuée au plus tard un mois après leur désignation en tant qu’acteur obligé.
- Acquisition des garanties de capacité
- Ils doivent prouver qu’ils ont acquis suffisamment de garanties de capacité pour couvrir les besoins de consommation de leurs clients pendant les jours de « Période de Pointe 1 » (PP1).
- Rattachement des sites
- Les acteurs obligés doivent informer le gestionnaire de réseau des sites rattachés à leur périmètre. Cette mention doit être faite au plus tard dans le mois suivant la date de début souhaité pour ce rattachement.
Ces étapes assurent que les acteurs obligés contribuent efficacement à la sécurité d’approvisionnement électrique en période de pointe, évitant ainsi les risques de black-out et garantissant la stabilité du réseau électrique.
Qui est concerné par le mécanisme de capacité ?
Les acteurs impliqués
Le mécanisme de capacité implique plusieurs acteurs clés :
- Les Fournisseurs d’électricité (acteurs Obligés)
- Les gestionnaires de réseau
- Ils s’occupent de leurs pertes et ne s’approvisionnent pas auprès d’un fournisseur d’électricité.
- Les consommateurs finaux
- Ceux qui ne s’approvisionnent pas auprès d’un fournisseur d’électricité pour une partie ou la totalité de leur consommation.
Responsabilité financière
En parallèle, le Responsable de Périmètre de Certification (RPC) est financièrement responsable des écarts cumulés par les exploitants des capacités de chaque périmètre. Cela inclut souvent :
- Les Fournisseurs
- Les agrégateurs d’effacement
- Les producteurs
Ces responsables assurent que les engagements en matière de capacité sont respectés et gèrent les variations entre la capacité certifiée et la capacité effectivement fournie.

Impact sur les factures des consommateurs
Le surcoût moyen pour les consommateurs professionnels est estimé à environ 2 €/MWh, variant selon le profil de consommation. Voici les estimations pour différents types de sites :
Type de Site | Surcoût Estimé (€/MWh) |
---|---|
Site C5 PRO (Tarif Bleu) | 2,2 à 2,8 |
Site C4 (ex-Tarif Jaune) | 2 à 2,2 |
Site C3 (ex-Tarif Vert) | 1,5 à 2,2 |
Site C2 (ex-Tarif Vert) | 0 à plus de 5 |
Une nouvelle composante sur la facture d’électricité
Depuis sa mise en place en 2017, le mécanisme de capacité a introduit une nouvelle composante sur la facture d’électricité de tous les consommateurs, qu’ils soient professionnels ou particuliers. Ce surcoût fonctionne de manière similaire à une taxe sur l’électricité.
Intégration du surcoût
- Directement dans le Prix de Fourniture d’Électricité : Le surcoût peut être inclus dans le tarif de base de l’électricité.
- Mentionné Séparément sur la Facture : Alternativement, il peut apparaître comme une ligne distincte sur la facture d’électricité.
Conséquences pour les professionnels et collectivités
Il s’agit donc d’un nouvel élément à prendre en compte dans le calcul global de la facture d’électricité pour les professionnels et les collectivités. Cette composante supplémentaire peut influencer la gestion des coûts énergétiques et nécessite une attention particulière dans la budgétisation et l’optimisation des dépenses d’électricité.
Les jours de pointe et la capacité de production élevée
RTE et les périodes de pointe de consommation
RTE (Réseau de Transport d’Électricité) est chargé de définir et d’anticiper les périodes de pointe de consommation électrique. Pour ce faire, RTE distingue deux types de jours de pointe :
- Les jours PP1
- Les jours PP2
Les Jours PP1
Qu’est-ce qu’un Jour PP1 ?
Le terme « PP1 » signifie « Pointe Prévue 1 ». Il désigne les jours où RTE prévoit la plus forte consommation d’électricité au cours de l’année, en dehors des situations exceptionnelles. Cette prévision est basée sur :
- Analyses météorologiques
- Données historiques de consommation
- Facteurs influençant la demande d’électricité (comme les jours de la semaine, avec une consommation généralement plus faible le week-end)
Les jours PP1 visent à assurer une capacité adéquate du système électrique pour répondre à la demande lors des heures de consommation les plus élevées, spécifiquement entre 7h et 15h le matin, et de 18h à 20h le soir.
Quand ont lieu les jours PP1 ?
RTE sélectionne 15 jours PP1 chaque année, qui se répartissent comme suit :
- 11 jours entre le 1ᵉʳ janvier et le 31 mars
- 4 jours entre le 1ᵉʳ novembre et le 31 décembre
Les week-ends et les périodes de vacances scolaires de Noël sont exclus de cette sélection.
Les Jours PP2
Qu’est-ce qu’un jour PP2 ?
Les jours PP2 complètent les jours PP1 en incluant des périodes de pointe moins critiques. Un jour PP1 est toujours inclus dans la catégorie des jours PP2, mais l’inverse n’est pas vrai.
Caractéristiques des jours PP2
Il y a entre 15 et 25 jours PP2 par an. Ces jours permettent d’explorer davantage la capacité du système électrique à répondre à la demande en dehors des jours PP1. En incluant ces jours PP2, RTE évalue la robustesse du réseau électrique dans des conditions variées, renforçant ainsi la résilience du système face à différents scénarios et assurant la stabilité de l’approvisionnement électrique.
Type de Jour | Période | Nombre de Jours par An | Exclusions | Heures de Pointe |
---|---|---|---|---|
PP1 | Janv – Mars (11 jours) Nov – Déc (4 jours) | 15 | Week-ends, vacances de Noël | 7h-15h, 18h-20h |
PP2 | Toute l’année | 15 à 25 | Aucune | Variées |
Frais supplémentaires liés au profil de consommation
Nous estimons que le surcoût moyen qui sera facturé aux consommateurs professionnels sera de l’ordre de 2 € / MWh. Ce surcoût dépend essentiellement du profil de consommation du site concerné : plus la part d’électricité consommée en heures de pointe (en hiver, en journée) est élevée, plus le coût est important. Pour les sites de puissance souscrite inférieure à 250 kW, nous estimons les surcoûts suivants :
Type de Site | Surcoût Estimé (€/MWh) |
---|---|
Site C5 PRO (Tarif Bleu) | 2,2 à 2,8 |
Site C4 (ex-Tarif Jaune) | 2 à 2,2 |
Site C3 (ex-Tarif Vert) | 1,5 à 2,2 |
Pour les sites C2 (ex-Tarif Vert), dont la puissance souscrite dépasse 250 kW, la consommation est mesurée au pas 10 mn. Le surcoût dépend du profil de consommation spécifique du site, et peut donc varier de 0 à plus de 5 € / MWh.
Enfin, même s’il peut y avoir des différences entre les fournisseurs, celles-ci restent assez limitées. Pour un surcoût moyen du mécanisme de capacité de 2 € / MWh, l’écart entre deux fournisseurs ne devrait pas dépasser 0,2 € / MWh.
En revanche, le « format » de ces surcoûts dans la facture des consommateurs peut différer fortement d’un fournisseur à un autre.
Formule de calcul du prix du mécanisme de capacité
Le prix de capacité, qui correspond au coefficient de capacité, varie selon plusieurs facteurs, notamment la consommation du site concerné. Voici comment ce coefficient est calculé pour différents types de consommateurs :
Calcul pour différents profils de consommateurs
Petits consommateurs (Profil C5 ou C4)
Pour les petits consommateurs, le surcoût de capacité est généralement fixé à l’année. Cette somme stable permet aux entreprises de conserver une visibilité optimale sur le montant de leur capacité chaque année.
Consommateurs Intermédiaires (Profil C4, Profil C3)
Pour les consommateurs intermédiaires, le calcul du surcoût de capacité peut différer selon la période de l’année. Par exemple, le coefficient sera élevé pendant les pics de consommation hivernaux et particulièrement bas durant l’été.
Gros consommateurs (Profil C2)
Pour les gros consommateurs, le coefficient de capacité peut être mis à jour tout au long de l’année afin de correspondre à la consommation réelle. Le surcoût peut alors être facturé sous forme d’un abonnement (X € / MW d’obligation de capacité prévisionnelle) ou d’une somme de régularisation à régler en fin d’année.
Les structures du surcoût de capacité
Un coût excédentaire qui dépend du type de sites de consommation
En effet, les structures du surcoût de capacité peuvent différer, selon les fournisseurs, mais aussi selon le type de site considéré. On peut distinguer trois types de structures de coût :
En € / MWh constant toute l’année :
C’est le cas le plus simple, souvent proposé aux sites de faible consommation (C5 – Tarif Bleu et C4 – ex Tarif Jaune). Le client a l’avantage de disposer d’une grande visibilité, mais n’a aucun levier pour faire baisser son surcoût global de capacité.
A noter que certains fournisseurs considèrent que ce format de surcoût leur fait porter davantage de risques : ils peuvent, dans ce cas, appliquer une brique de risque supplémentaire (de 0,2 à 0 ,5 € / MWh).
En € / MWh, différencié selon les heures de l’année :
Ce type d’offre est assez fréquent pour les sites C4 – ex Tarif Jaune et C3 – ex Tarif Vert. Dans ce cas, le client dispose d’une certaine visibilité, et peut également faire baisser son surcoût global de capacité, en faisant diminuer sa consommation de pointe.
En revanche, toute surconsommation sur ces périodes de pointes peut coûter cher.
Sur régularisation en fin d’année :
C’est le format de surcoût proposé en priorité aux sites C2 – ex Tarif Vert à courbe de charge. Dans ce cas, la visibilité est limitée, mais le client a l’assurance de payer pour son obligation réelle. Aussi, le client dispose des leviers pour faire baisser son coût global d’obligation, en diminuant sa consommation durant les heures PP1.
Le format « initial » du surcoût (qui fera l’objet de la régularisation) peut être en € /MWh, ou bien un abonnement, en € par MW d’obligation de capacité prévue.

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